Bonjour ! Moi, c'est Maël et j'ai 18 ans. Je suis étudiant en BTSA Gestion et Protection de la Nature en Guyane française. Actuellement, j'effectue mon stage dans une association d'écotourisme et de tourisme communautaire, en Colombie.

Alors pourquoi la Colombie ?

Passionné des écosystèmes tropicaux, j'ai quitté le Nord de la France pour la Guyane française à la rentrée 2022. Cela a été pour moi une expérience incroyable de découvrir la forêt tropicale humide !

Pour effectuer mon stage, j'ai donc cherché un pays autour de l'Amazonie. Avec pour objectifs de découvrir une nouvelle culture, d'enrichir mes connaissances naturalistes et d'apprendre des méthodes pour les transmettre, mais aussi d'améliorer mon espagnol...


Après de multiples recherches, j'ai trouvé une association (ECOTOURS BOQUILLA) qui correspondait à mon projet. Situé sur la côte Caraïbe de la Colombie, près de Cartagène des Indes, La Boquilla est un village de pêcheurs qui développe un tourisme respectueux de l'environnement et de la population locale, pour préserver ses traditions et sa mangrove.

Premiers jours en Colombie

Après quelques problèmes lors de mon escale à Bogota, et 56 heures de voyage entre Cayenne et Cartagène, je suis arrivée de nuit à La Boquilla.

I/ Découverte de la mangrove

Lors de mon premier jour, je suis allé dans la lagune bordant le village. Dans cette mangrove, les natifs du village pratiquent la pêche depuis de nombreuses années. Nous avons pêché des poissons que nous avons ensuite utilisés comme appâts dans des nasses pour piéger des crabes. J'en ai plus appris sur l'écosystème que constitue cette mangrove, et sur l'importance qu'elle a pour la communauté locale. La découverte de la mangrove, et la pêche à laquelle j'ai participé, font partie des prestations proposées par l'association ECOTOURS BOQUILLA. Elle sont réalisées par des locaux et profite à la communauté. ECOTOURS BOQUILLA s'inscrit dans une demarche d'éco-tourisme et de tourisme communautaire.

II/ Entre nature et culture

La semaine de mon arrivée, j'ai pu aussi découvrir la musique traditionnelle du village. Cette dernière est un savant mélange entre influences africaine et indigène. Les instruments et les rythmiques se mélangent pour donner une mélodie unique. Cette musique marque tous les grands événements de la communauté (mariage, anniversaire).
J'ai participé à un atelier d'initiation au tambour, au sein de l'association Batambora, qui milite pour faire perdurer la musique et la danse traditionnelles. Pour cela, elle propose des cours gratuits, et des ateliers d'initiation auprès des touristes.

III/ La pêche à La Boquilla

La pêche est à l'origine même du village. Elle constitue la principale source d'alimentation pour les habitants. Dans la lagune et la mangrove, la pêche est pratiquée à l'épervier (lancer à la main), pour capturer de petits poissons qui ne dépassent pas 30 cm. Dans cette eau saumâtre, les nasses sont aussi utilisées pour attraper des crabes. Les plus petits sont relâchés pour préserver l'écosystème.
La pêche est aussi effectuée en mer : des filets sont posés au large et les pêcheurs partent en général une journée en mer. À leur retour, le poisson est directement vendu sur la plage, à la sortie du bateau. Les filets sont séchés et réparés si nécessaire. Les bateaux sont remontés à la main sur la plage. À noter que la pêche en mer est beaucoup plus importante que celle effectuée dans la lagune.

IV/ Découverte de Cartagène

Cartagène des Indes est située à 20 minutes en voiture de La Boquilla. La ville fut fondée en 1533 par Pedro De Heredia, conquistador espagnol. À l'heure actuelle, la ville est la capitale du département "Bolivar". De nos jours, de nombreux vestiges de l'époque coloniale sont encore visibles : la porte de l'horloge, les remparts entourant la vieille ville, ou encore le fort de San Felipe de Barajas, sur les hauteurs de la ville. Dans la vieille ville, on peut voir les maisons à l'architecture coloniale. Les rues sont très colorées et on y trouve des artistes, des vendeurs de rue, mais aussi des "Palenquera", vendeuses de fruits dans les rues de Cartagène.

Début du projet

Le projet vise à créer un groupe de jeunes protecteurs de la mangrove. Pour cela, l'association Ecotours s'est associée avec 4 écoles différentes à La Boquilla. Nous avons rencontré la directrice du groupe scolaire et l'assistante sociale de l'école pour expliquer l'objectif du projet. Cette sensibilisation se fera auprès des enfants du grade 5 (+/- 10 ans). En Colombie, les enfants doivent faire 80 h d'activités sociales avant le 11e grade, le projet rentre dans ces heures d'activités sociales. Les activités se déroulent le mardi et le jeudi après-midi, les enfants n'ayant cours que le matin. Le samedi ont lieu les sorties dans la mangrove ou encore dans le village. Les séances sont animées par moi-même, en espagnol, avec l'aide ponctuelle de mon maître de stage Rony.

I/ Rencontre avec les enfants

Lors de cette première semaine, le groupe n'était pas au complet : seuls 7 enfants étaient présents. Lors des deux séances, j'ai appris à connaître les enfants, leurs envies, leurs rêves, ce qu'ils aimaient ou ce qu'ils n'aimaient pas. Tout cela, afin d'adapter mes activités et de permettre aux enfants de se plaire dans ce groupe. Pour cela, ils ont répondu à quelques questions sur une feuille et ensuite, nous avons échangé à l'oral. Pour ces deux premières séances, j'ai été aidé par mon maître de stage. Au cours de cette première semaine, il n'y a pas eu de sortie le samedi.

II/ Mangrove et oiseaux

Pour cette deuxième semaine d'activités, le thème était la mangrove et les oiseaux. Le mardi après-midi, j'ai demandé aux enfants de dessiner comment ils imaginaient la mangrove. Car, certes le village est bordé de mangrove, mais très peu de jeunes connaissent véritablement cet écosystème. Lors de cette séance, j'ai aussi fait une présentation succincte des différents types de mangroves (palétuvier rouge, gris, noir et mangrove à boutons).
Le jeudi, je me suis concentré sur les palétuviers rouges et les palétuviers noirs. Ce sont les plus représentés dans la lagune autour de La Boquilla. J'ai réalisé une activité pour que les enfants puissent les reconnaître, en mettant en évidence les différences morphologiques et fonctionnelles.
En deuxième partie de cette séance, nous avons abordé les oiseaux de manière ludique. J'avais collé sur 6 bancs, différents types de nourriture. Je leur montrais un type de bec (pélican, colibri, canard, aigrette) et ils devaient s'asseoir sur le banc correspondant à la nourriture de l'oiseau. J'ai pris soin de sélectionner des becs issus d'oiseaux locaux.
En fin de séance, j'ai aussi presenté différents types de pattes et ils devaient en choisir un et dessiner l'oiseau associé à ce type de pattes. Ils ont adoré, c'était dynamique et drôle !

III/ Sortie dans la mangrove

Lors de cette première sortie, nous sommes partis en pirogue dans la mangrove. C'était l'occasion de mettre en application les choses vues dans la semaine. Pour certains enfants, c'était la première fois qu'ils se rendaient dans la mangrove. On a vu les deux types de palétuviers étudiés (rouge et noir). On a aussi vu pas mal d'oiseaux : canard des Bahamas, aigrettes blanche neigeuse et tricolore et un martin pécheur. Sur le chemin, nous avons aussi croisé un raton laveur qui se baladait sur les branches. J'ai aussi appris aux enfants à utiliser des jumelles.

IV/ Crabes et histoire

Pour cette troisième semaine d'activité, nous avons échangé sur les crabes. J'ai parlé des 4 principales espèces représentées dans la mangrove (crabe araignée, crabe ensanglanté, crabe bleu et crabe violoniste). J'ai évoqué le rôle important qu'ils ont dans la mangrove, et les caractéristiques pour les reconnaître, autour d'une activité ludique. Rony est intervenu pour parler de l'histoire du village et sensibiliser les enfants au rôle qu'ils jouent dans ce dernier. Ce travail a mené à une sortie dans le village, le samedi. Nous sommes allés en plusieurs points centraux du village : église, rue principale, station de police, cimetière et bibliothèque).

V/ Déchets et pollution

Pour cette quatrième semaine d'animation, il n'y avait qu'une séance, car c'étaient les vacances scolaires à La Boquilla. Cette séance a été l'occasion d'aborder le thème des déchets. En effet, c'est un énorme problème dans le village. Très peu de poubelles sont présentes dans les rues. Il y a de nombreux déchets plastiques, qui terminent leurs chemins dans la mer ou la lagune.
Pour cette activité, j'ai d'abord présenté différents déchets aux enfants et je leur ai demandé en combien de temps, ils pensaient que ce déchet se décomposait dans la nature. J'ai été étonné des réponses pour un sachet plastique : les réponses allaient de 1 semaine à 1 an, alors qu'en réalité c'est 400 ans, et c'était pareil pour les autres déchets. J'ai donc bien insisté sur ce point pour qu'ils se rendent compte de l'impact des déchets.

VI/ Observations dans la mangrove

Cette semaine, une sortie était prévue samedi. Donc, lors de la session de jeudi, j'ai fait un rappel sur les principaux oiseaux de la mangrove et leur nourriture, j'ai fait aussi un rapide retour sur les crabes. Les enfants ont également participé à un jeu, que j'ai créé pour apprendre à utiliser les jumelles dans de bonnes conditions. Je cachais un objet à bonne distance et ils devaient le retrouver, grâce aux jumelles.

Nous avons réalisé une sortie samedi matin dans la mangrove. Nous avons observé les oiseaux, et nous en avons vu pas mal : aigrette tricolore et plusieurs échassiers des Amériques, et même un ibis blanc, très rare !

VII/ Présentation de La Guyane et jeu recapitulatif

Au cours de cette semaine, j'ai présenté la Guyane Française, où je réalise mon BTS. J'ai expliqué les points communs avec la Colombie, mais aussi les différences d'écosystèmes et les activités que je réalise pour la gestion et la protection de la nature. Les enfants ont apprécié, car c'était interactif. Je leur ai projeté des photos et des vidéos.
Le jeudi, j'ai créé un plateau de jeu pour faire un récapitulatif de tout ce dont nous avions parlé pendant ces deux mois d'activités. Sur le modèle du "petit bac", je leur posais des questions sur tous les thèmes évoqués.

Cette même semaine, le samedi, nous avons fait notre dernière sortie à pied autour de la mangrove. Nous avons observé beaucoup d'oiseaux aux jumelles. J'ai ressenti une différence : les enfants savaient reconnaître les oiseaux, sans regarder les guides ornithologiques et ils étaient très contents de voir de nombreux oiseaux.

VIII/ Dernière semaine

• Pour cette dernière semaine à La Boquilla, seule une séance était prévue. Lors de cette dernière, j'ai réalisé avec les enfants des origamis de crabe. Ils ont bien aimé, ils étaient très inspirés pour les personnaliser et étaient très fiers de leurs créations !! Je leur ai aussi offert des bonbons. Ainsi se termine le programme pour moi..., mais, pour les enfants, le programme continue avec Rony (mon maître de stage), avec une seule séance par semaine le samedi.

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Activités annexes

En dehors de mon stage, sur mon temps libre et avec l'aide de mon maître de stage, j'ai pu m'engager dans de nombreuses activités différentes et très enrichissantes.

Lors de mon premier mois à La Boquilla, j'ai pu participer à deux campagnes de nettoyage. Avec des volontaires de Cartagène et des membres de l'association Ecotours Boquilla, nous avons, pendant deux matinées, nettoyé la mangrove et retrouvé des déchets en tout genre (chaussures, déchets ménagers ou encore polystyrène). Le traitement de déchets est une grande problématique dans le quartier. Il n'y a pas de poubelles dans la rue, il n'y a pas de tri sélectif et les camions poubelles ne passent pas dans toutes les rues. La population n'est pas sensibilisée à la problématique des déchets et c'est ainsi qu'un grand nombre de déchets se retrouvent dans la rue et dans la mangrove. Ces campagnes de nettoyage sont plus que nécessaires : elles permettent de réduire la pression exercée sur le milieu naturel et d'améliorer les conditions de vie des habitants.

J'ai aussi participé au salon du tourisme de Cartagène, car ECOTOURS BOQUILLA est l'un des plus grands acteurs touristique à La Boquilla. J'ai participé avec Rony à différentes conférences, sur le développement et le futur du tourisme dans la région, ainsi que comment développer le tourisme en aidant les populations locales. L'après-midi, c'était un salon ouvert aux particuliers: nous avons échangé avec des agences de tourisme, des étudiants en tourisme et cela nous a permis de faire connaître La Boquilla, trop souvent oubliée dans les tours touristiques de Cartagène.

J'ai pu aussi découvrir Cartagène, lors de plusieurs sorties dans la ville. J'ai visité le marché public, un vrai labyrinthe au cœur de la ville, très animé et où on trouve de tout. J'ai visité El Castillo San Felipe De Bajadas, tôt le matin, j'étais quasiment seul à déambuler sur ce lieu chargé d'histoire. À plusieurs reprises, je suis allé dans le centre historique de la ville : à chaque fois, c'était un plaisir de marcher dans ces rues colorées et animées. Cette ville a un vrai charme ! Pour finir, je suis allé à la rencontre des pompiers de la ville pour ramener un écusson a un ami : c'était très intéressant de parler avec les pompiers colombiens !

Enfin un message plus personnel : un grand et immense merci à la famille Monsalve-De La Hoz, qui m'a acceuilli très chaleureusement dans leur maison. J'étais comme un roi : merci pour tout ! J'ai vraiment vécu des moments incroyables à La Boquilla et je m'en souviendrai longtemps. Muchas gracias Rony, Maria, Kamila, Santiago, Christophe y Daroe. Nos vemos en Francia !! Au-delà d'un village, j'ai decouvert une communauté, qui s'entraide pour avancer et se developper, fière de partager sa culture et ses coutumes.

J'ai passé 2 mois et demi inoubliables en Colombie. J'ai découvert tant de choses et rencontré des personnes passionnantes. Jamais je n'oublierai ce stage... Merci d'avoir pris le temps de lire mon blog et j'espère qu'il vous aura plu.

Maël Lemaitre