Mission d’observation sur la rizipisciculture en Guinée-Bissau

Jour 1 :

Notre mission en Guinée-Bissau débute ce lundi 10 février 2025. Notre départ débute à la gare de Nantes à 12h. Après plusieurs vols nous sommes arrivés à l'aeroport de Bissau mardi 11 vers 2h du matin, puis nous avons pris la route pour rejoindre l'hotel Badinca situé dans le centre de la ville.

Objectifs de cette mission d'observation : observer les pratiques piscicoles actuellement en test, apporter un soutien technique aux techniciens et animateurs sur place et bien sûr créer du lien dans une optique de coopération internationale, en lien avec le projet d'établissement du lycée Olivier Guichard

Jour 2 :
Après réunion brieffing de la mission dans les locaux d'Univers-Sel / DEDURAM , départ pour Mansoa accompagnés d'Issiaga d'Univers-Sel pour déposer les affaires à l'hôtel. Dans la foulée, nous partons pour le premier village nommé Ntchanque.
Il y a du monde! Présentation au chef, au comités de gestion (groupe d'hommes chargés de l'entretien des ouvrages communs dans les risières - digue ceinture et chenaux) et aux producteurs réalisée par Antonio (chargé du volet riz, Univers-sel) . Ce dernier nous explique que notre présence permet de réunir plus de monde, les producteurs étatn bien souvent avide de nouveaux tests et innovations techniques. C'est parti pour la visite des rizières et la découverte des expérimentations mises en place. On apporte alors quelques conseils techniques sur la pisciculture extensive et la fertilisation, comme pratiquées en France.

Jour 3 :
Visite du village de Fanhe, c'est encore une fois Antonio qui nous présente aux habitants et aux producteurs du village et explique les objectifs de notre mission. Déplacement sur des parcelles d'experimentations d'introduction d'eau salée qui découle sur des tests de pisciculture marine extensive en saison sèche, avec mise en place de fertilisation de ces dernières. Observation de faisabilité sur 4 nouvelles parcelles prêtes à être expérimentées, toutes attenantes à la digue ceinture.

Jour 4 :

Aujourd'hui programme chargé, visite de Thugé ce matin et Ntchugal cette après-midi. Au programme, essayer de trouver des volontairespour tester la pisciculture dans les casiers de riz. Une parcelle test acceptée pour le moment à Thugé, les producteurs ont été plutôt réticent pour faire rentrer de l'eau de mer dans le périmètre. Point positif de la matinée : un producteur a été convaincu par le chef et les arguments de Antonio et Issiaga pour tester la pisciculture marine extensive dans son casier. Pause manger et suite à Ntchugal.

La visite de Ntchugal a été plus rapide : le périmètre rizicole de ce village est souvent montré comme exemple des actions de Univers-Sel sur la saliculture solaire ainsi que sur l'aménagement des rizières via le programme DEDURAM.
Après une brève réunion avec le chef et son adjoint, le comité de gestion et les producteurs, les tests sont largement acceptés : 5 producteurs proposent des parcelles attenantes à la digue ceinture. L'adjoint du chef vient s'excuser auprès de nous qu'aucune femme ne soit présente, non pas qu'elles ne soient pas conviées au contraire, mais elles sont toutes très occupées en cette période.
Après-midi productive, enthousiamse motivant!

Jour 5 :

Départ de l'hôtel de Mansoa à 6h30 du matin. Après 5h30 de route, nous arrions à Pitche vers 12h, dans la région de Gabu, où un technicien de la FAO doit nous rejoindre pour nous faire visiter la pisciculture. En retard, il propose à Antonio qui nous accompagne d'aller, en l'attendant, découvrir les maraîchages tous frais du propriétaire des terres. Nous acceptons bien évidemment, et, après dégustation de mandarines, rencontrons Sam et Samuel, originaire respectivement du Benin et du Togo. Ils sont tous deux techniciens, particulièrement bien formé au maraîchage et à d'autres techniques agricoles (dont la pisiculture). A eux seuls, en 6 mois de temps, ils ont réhabilité une surface impressionnante pour produire de la tomate, des poivrons, piments et autres pour de la vente en circuit local. L'échange est d'autant plus passionnant que les deux sont francophones!

L'échange est tellement intéressant que, ne voyant pas l'heure tournée, il se fait trop tard pour aller sur le site de la pisciculture. Il fera jour demain!

Jour 6 :

Nous partons tôt le matin : Bébé, le technicien de la FAO, veut que nous soyons présent quand les techniciens travaillent sur place. Nous sommes accueillis par une gigantesque culture de bananes de 5.5 Ha, au fond de laquelle se trouve la pisciculture. La production s'organise en variant les techniques : semi intensif et RNA pour l'alevinage, jusqu'au sexage des poissons où les males sont transférés dans les cages flottantes directement dans le fleuve en contrebas (Les males tilapia du Nil grossissent plus et plus vite que les femelles). Au total, ils produisent environ 10 tonnes par cycle de production, à raison de 2 cycles par an.
L'aliment utilisé est, pour l'heure, encore importé (provenance du Sénégal, fabrication au Maroc). Mais aujourd'hui marque certainement un tourant : ayant les ressources à disposition dans le pays pour produire eux-mêmes l'aliment, un extrudeur pour la fabrication du pellet a été reçu. Ah oui, petite précision, Bébé est spécialisé dans la formulation de la nutrition animale...

L'ambition de ce projet, couplant le maraîchage vu hier, la bananeraie, la pisciculture et autres (mandariniers, orangers,...) est à terme de produire et de vendre localement, en plus de créer des emplois sur place.
Qui plus est, un pôle géniteur / alevinage est en cours d'habilitation sur la pisciculture. Il devrait très vite être en capacité de produire des alevins en nombre (Tilapia du Nil et Tilapia Guinensis, le tilapia endémique du rio Geba et du rio Mansoa). Peut-être plus tard pour fournir les rizipiscicultures?

Il est temps pour nous de rentrer sur Bissau. 8h de route nous attendent, avec au passage la traversée d'un immense nuage de poussière pendant près de 2h pour nous accueillir dans la capitale.

Retour enfin à l'hôtel Badinca, notre étape initiale, où nous allons pouvoir nous reposer. Journée off demain!

Jour 7 :

Aujourd'hui comme annoncé, repos et balade dans le centre de Bissau

Avec un passage obligé au port!

Demain et mardi seront des journées axées sur la thématique de la saliculture.

Jour 8 :

Aujourd'hui, direction Cacheu pour une présentation de l'école de formation professionnelle. Y sont formés les futurs professeurs qui vont, tout au long de leur cursus de 3 ans, transmettre ce qu'ils apprennent auprès de population éloignées de grandes villes, là où l'éducation supéreure n'est que peu disponible.

Les élèves nous accueillent en chanson, et nous ferons la visite des installations : et oui, on est le 17 février ! En Guinée-Bissau, c'est la journée nationale des professeurs, un jour normalement férié. Ces derniers, après la présentation, on donc logiquement délégué à leurs élèves la présentation de l'école.
Une fois faite, beaucoup de questions en tête : nous prenons le temps avec les élèves pour les poser, pour connaître leurs motivations, origines et investissement dans ce beau projet. et bien sûr, ils nous retournent les questions! Un bel échange inspirant!

Il est temps après le repas partagé ensemble de repartir en direction de Bissau. Abdel, le chef de projet pour Univers-Sel qui nous accompagne aujourd'hui, nous propose un arrêt au coeur de l'histoire d'Univers-Sel : les salines.

Nous y rencontrons les productrices de sel, appliquant deux techniques pour la production de sel : ignigène (évaporation de l'eau de saumure par le feu) et solaire (évaporation en étendant la saumure sur une bâche).
Les femmes travaillent pendant que nous questionnons les animateurs locaux sur les pratiques et les détails de la production. Forcément, des questions nous viennent pour poser aux productrices : quelle technique préfèrent-elles, pourquoi continuent-elles les deux tchniques,... Elles nous répondent avec une bonne humeur contagieuse, et après un échange très intéressant, nous quittons la zone, le coeur réchauffé par autant de joie de vivre.
Et c'est reparti pour Bissau ce soir!

Jour 9 :

Aujourd'hui nous nous déplaçons en direction de Bissora pour y visiter l'école technique professionnelle sur place. Fondée en 1996 (active à partir de 1997), cette dernière propose diverses formations telles que la mécanique, la construction civile, l'élevage avicole, le maraîchage ou d'autres encore.

Les formations diplômantes sont de durées variées (de 3 à 11 mois), avec en plus des formations proposées "à la carte". Toutes ont en commun d'intégrer des périodes de stage : 2 semaine au sein de l'école, et 4 semaines au sein d'une entreprise extérieure.

Nous avons été accueillis par le directeur et l'administrateur. Leur motivation est simple : faire en sorte que les élèves intègrent à la sortie de l'école le marché du travail. Un programme de suivi est en place pour permettre de savoir si c'est une réussite ou non. Les derniers chiffres sortis, de 2023, donnent un taux d'entrée dans le monde du travail de 100%, avec 50 élèves ayant été embauché dans l'entreprise où ils ont effectué leur stage, et 75 séparé en 5 groupes qui ont, de leurs côtés, fondés leur propre entreprise.

C'est également un site où Univers-Sel est intervenu : est actuellement en test un four améliorer pour tenter de consommer moins de bois avec la technique de saliculture ignigène.

Jour 10 :

Ce matin, rendez-vous tôt dans les bureaux d'Univers-Sel : nous devons restituer nos réflexions auprès des responsables du volet riz, pour une amélioration du rendemenent piscicole dans les rizières.

Plusieurs pistes sont explorées, sur la base des travaux en cours : nous proposons quelques réflexions sur la fertilisation, l'assec, l'amendement calcique et enfin l'empoissonnement. Les visites en dehors des rizières nous apportent également une vision sur une potentielle création de véritable filière aquacole dans le pays.
L'échange entre les équipe dure jusqu'à midi. Beaucoup de discussions et de réflexions pertinentes, qui seront abordées plus en profondeur dans le rapport de mission.
Et c'est déjà la fin de la mission. Un rythme intense, des découvertes extraordinaire, des rencontres indescriptibles, voilà quelques mots pour définir cette expérience.

Toutes les bonnes choses ont une fin, merci à tous les intervenants, responsables de projet, accompagnateurs, animateurs dans les villages et bien d'autres que nous avons certainement oublié.
Merci à ceux qui ont suivi nos aventures, sur ce blog ou sur notre insta.
Et bien sûr merci au lycée Olivier Guichard de Guérande, au CFA Nantes terre atlantique ainsi qu'à l'association Univers-Sel sans qui rien de tout cela n'aurait été possible.

Restitution :