Camille raconte… les paysans brésiliens

Camille raconte… les paysans brésiliens

BresiL Brésil

Publié par ChristianResche le  30.09.2022


Camille raconte… les paysans brésiliens
ou
« de St Julien sur Dheune au Minas Gerais »

«En fin de première année de mon BTS agricole au lycée de Fontaines, j’ai voulu en profiter pour partir « le plus loin possible », car je pressentais qu’après je ne le ferais plus aussi facilement, faute de temps, et en plus, une bourse du Ministère et de la Région me permettait alors de couvrir mes frais de voyage.

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Camille et Vincent devant le Corcovado à Rio de Janeiro

Partir loin de St Julien sur Dheune et de la ferme familiale donc, pour découvrir une autre agriculture, avant de me plonger dans mon activité professionnelle dans le monde de l’élevage français : je travaille en effet aujourd’hui dans le domaine de la génétique bovine, en qualité de taurelière à la coopérative Elva Novia à Fontaines, pour élaborer les paillettes d’insémination de toutes races (charolaise, holtein, blanc bleu belge, angus et bien d'autres). 

J’ai peut-être eu les yeux plus gros que le ventre, car au départ j’avais prévu un stage de 2 mois au Brésil, mais finalement, pour un premier grand voyage loin de chez moi, 1 mois d’un grand saut au-delà de l’Atlantique m’a déjà suffit à avoir un vrai choc culturel ! J’ai même eu dans les premiers jours envie de rentrer tout de suite, tellement j’ai été surprise du changement : le paysage, les gens, l’espace… la langue aussi bien sûr, puisque je ne parle pas le portugais, la langue officielle brésilienne, mais seulement anglais et un peu allemand, ma 2ème langue du lycée.

Mais au final, avec le recul de 4 années, j’ai presque effacé de mon souvenir ces premiers moments d’impression désagréable de l’éloignement de ma famille d’une « exilée française perdue en Amérique latine», pour ne garder que celui d’un pays rempli de personnes incroyablement gentilles et surtout accueillantes. La « mauvaise » réputation d’insécurité ne m’a au final pas gênée non plus, même si on m’a conseillé de ne pas sortir seule le soir.

J’ai donc pris pour la première fois de ma vie l’avion début juillet 2018 (en plein hiver sud-américain, donc, il ne faisait pas très chaud !) pour atterrir à Rio de Janeiro (après 8 h de vol et une escale au Maroc), et prendre la direction plein nord, dans l’état fédéral montagneux du Minas Gerais (qui se prononce Geraïs) où Daniel et Olivia, professeurs à l’Institut Agronomique du Nord-Sudeste, m’ont accueillie moi et Vincent, un camarade de promo qui s’était décidé à partir aussi en stage au Brésil (même si j’étais à l’origine prête à partir toute seule!).

Et à partir de 2 sites de cette école brésilienne (Barbacena et Rio Pomba), on nous a fait découvrir plein de fermes d’élevage, accompagnés par des étudiants locaux, en nous déplaçant avec des voitures de l’Institut.

J’ai gardé des contacts, encore des années après, avec plusieurs de ces brésilien.ne.s, avec qui nous sommes amis sur Facebook et échangeons souvent des petits messages et photos : la langue n’est maintenant plus du tout un problème ! Et sur place, on s’est toujours débrouillés pour se comprendre, avec un peu d’anglais, de français parfois, et de brésilien aussi… Les termes agricoles et techniques sont assez faciles à décrypter car proches, et on a appris sur le tas d’autres petits bouts de la langue.

On a vu des élevages indépendants, beaucoup de fermes avec des laitières nourries au sorgho, et plutôt de forme familiale et extensive, à l’opposé de l’image de l’agriculture industrielle et des feed-lots qu’on se représente habituellement (et qui sont plutôt concentrés plus à l’ouest, dans les plaines amazoniennes)

On a aussi participé à des séances de cours et de travaux pratiques avec les étudiants brésiliens, par exemple pour une dissection d’un veau décongelé !

Économiquement, j’ai pu voir des salaires moins élevés mais une vie aussi moins chère qu’en France (même si c’était il y a 4 ans maintenant, et que la crise sanitaire est fortement passée par là-bas aussi depuis !)

Mais moi, pendant mon séjour, le sujet incontournable, c’était bien sûr le foot !. J’ai en effet aussi vécu la coupe du monde 2018 (remportée par l’équipe de France!) depuis le Brésil, où avaient lieu les matches. Et dans Le pays du football, où tous et toutes sont fans de leur équipe nationale, on n’a pas manqué une rencontre à la télé (quand le Brésil jouait, la vie s’arrêtait ! c’est une religion là-bas...), même si tous ont été « dègue » de l’élimination brésilienne en quarts, les privant d’une possibilité de revanche en finale contre les français, (ils se souviennent encore bien du 3-0 du stade de France de 98) …

Et enfin, … après une journée touristique au sommet du Corcovado près de l’un des monuments les plus connus du monde, le Christ rédempteur, et du quartier de Copacabana et sa non moins célèbre plage, ce fut le retour vers la France et la vallée de la Dheune...

Aujourd’hui, je ne retiens vraiment que du positif de ce mois passé là-bas : la sociabilité brésilienne , ça donne une leçon ! Être accueillie comme ça, comme si on était une membre de leur famille…

Et accessoirement, pour ceux que ça inquiéterait, j’y ai aussi très bien mangé : souvent du riz, des haricots, du maïs, des frites de patate douce et de manioc, viande grillée, saucisses,...

Alors un message aux plus jeunes pour terminer en deux mots : partez loin, ...au Brésil par exemple ! »

Interview de Camille par Bernard Crétin